Récit de rando sur le GR5 de Larche à Menton

Précédemment, de Sollières à Larche
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    Le 14-07-12    De Larche à la cabane Fouque

Aujourd'hui, c'est le prologue à la fin de ma traversée du GR5, avec pour point de mire la mer Méditerranée !

Après 9 heures de train, j'arrive à Gap, dernière gare, même si elle est située à près 100km de Larche, mon point de départ à pied. Mais je sais que le plus difficile m'attend. Je ne parle pas des 170km de rando et des 11500m de dénivelé positif, mais plutôt du trajet Gap-Larche que je compte faire en stop.

Hasard, le premier conducteur à me rapprocher de Larche est RedFox, un membre du forum de la randonnée légère. Trois autres âmes charitables me permettront d'arriver à Larche, j'aurai passé 3 heures à faire du stop mais cette fois j'y suis. Un an presque jour pour jour après l'avoir quitté, je retrouve enfin le GR5 à Larche.

Il est 19h45, je vais donc juste sortir du village pour trouver un endroit tranquille pour bivouaquer. J'arrive à la cabane Fouque et un abri en bois situé au sommet d'une petite butte me semble approprié. Mais surprise ! L'abri est déjà occupé par une joyeuse compagnie de 3 randonneurs. La discussion s'engage, Claire et Solveig sont parties de Modane, Bruno est partit du Lac Léman.

J'attise leur curiosité en déballant mon matériel ultra-léger : tarp en guise d'abri, P3RS comme réchaud, sac à dos complet à 11.5kg (6kg sans eau  et nourriture) pour 7 jours de randonnée itinérante en bivouac.

    Le 15-07-12    De la cabane Fouque à Auron

Ce matin, Bruno est le premier parti. Après avoir pris mon petit-déjeuner, je pars à 7h, tandis que les filles s'activent de tous côtés.

Le sentier est en pente douce, très douce même, pour remonter un vallon à travers les prairies alpines avec en point de mire le Pas de la Cavale. C'est le premier col à passer, qui affiche 2671m. Je serai fixé d'emblée sur la présence ou non de névés pour les nombreux cols à plus de 2400m à venir.

Plus léger, je rattrape Bruno et on cale nos allures pour faire un bout de chemin ensemble. On passe le lac du Lauzanier, les nuages bourrent en fond de vallée tandis que l'horizon est barré face à nous par un mur minéral avec une ligne de crête très nette. Le sentier s'élève mais reste facilement praticable. Une fois arrivé au col, l'autre face est totalement différente, des falaises créent un grand vide et le panorama est grandiose.

Mais nous ne nous attardons pas car le vent souffle très fort et même au mois de juillet, il fait froid ici. La descente se fait par de courts lacets sur le versant très raide. Alors que j'ai fait la montée en tête, Bruno passe devant dans la descente, qu'il déroule en trottinant. On passe des escarpement rocheux aux éboulis, puis au gazon.

Une courte remonté au col des Fourches et  nous descendons de nouveau en direction de Bousièyas. Nous traversons une ancienne caserne militaire. Les bâtiments, dont ne subsiste que les murs, sont alignés au cordeau, dans une ambiance de village fantôme du far west. Le ravitaillement en eau fait (Bruno boit l'eau telle quelle, tandis que je préfère la décontaminer avec des pastilles Micropur), nous attaquons les pentes du col de la Colombière. Nous profitons de l'ombre d'une cabane pour prendre notre repas de midi. Le soleil est très présent, sans que la chaleur ne soit écrasante du fait de l'altitude.

Au col d'Anelle, nous apercevons  une fontaine qui nous appelle tous les deux pour y tremper les pieds dans son eau fraîche.Une randonneuse nous laisse la place. Elle est surprise par la petite taille de nos sacs. Elle nous questionne alors :
" Vous randonnez plusieurs jours ?
  • Oui, jusqu'à la mer, Nice pour Bruno et Menton pour moi.
  • Et dans vos sacs vous avez une tente ?
  • Oui, on a tout ce qu'il faut, mais en léger.
  • Oh, nous aussi on a pris léger, nos sacs font 10kg, mais on dort en gîte. Vous avez de l'eau dans votre sac ?
  • Oui.
  • Et vous prenez aussi à manger ?
  • Oui, j'ai encore 1 jours 1/2 de provisions.
  • Oh ben vos sacs doivent être lourds, je me ferais mal au dos avec.
  • Vous voulez peser mon sac ? Je pari qu'il est plus léger que le vôtre..."
Elle pèse alors nos sacs et doit reconnaître qu'ils ne sont pas plus lourd que le sien, malgré le surplus d'équipement que nous transportons pour bivouaquer.

Les montagnes russes continuent et nous arrivons à St-Etienne-de-Tinée, où nous nous séparons. Bruno doit ravitailler mais en ce dimanche tout est fermé. Pour ma part, je décide de poursuivre encore 1 heure. Le chemin est encadré de de lavande. De la lavande ! Ca sent le sud. Ce que je n'avais pas vu sur le topoguide, c'est que c'est une rude montée dans laquelle je m'engage vers Auron. La montée se fait dans un coupe-feu à travers la forêt. La pente est forte, les lacets très serrés (un virage tous les 4-5m), la chaleur et la fatigue se font sentir. J'arrive épuisé en vue d'Auron.

J'installe mon bivouac sur les hauteurs du village. Agréable surprise, il y a des fraises des bois. Je profite allègrement de toute cette saveur sucrée.Il fait chaud sous la toile de mon abri.
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    Le 16-07-12    De Auron à Roure

Je me lève à la même heur qu'hier et sans surprise je me remets en route à la même heure qu'hier. Le sentier est jalonné de nombreux oratoires (tantôt St Joseph, tandtôt St Etienne et parfois la vierge Marie). Passé le col du Blainon, les paysages du parc national du Mercantour qui se dévoilent devant moi sont magnifiques de naturel. Les pentes recouvertes de prairie sont parsemées d'arbres et de granges. Pas un village ni une ligne électrique à la ronde.

La descente m'amène à Roya, que je traverse avant de remonter en face. Je m'engage dans des gorges assez resserrées, qui s'ouvrent au dessus de 1900m sur un cirque très dénudé délimité par des crêtes culminant à plus de 2800m. Je me dirige vers la barre de Sallevieille qui, vue d'ici, semble infranchissable. Le sentier oblique vers la gauche et se fraye un chemin à travers l'enchevêtrement de cailloux pour passer l'obstacle. Ne reste plus qu'à franchir le col de Crousette, 5e col à plus de 2000m que je vais franchir en 2 jours.

A l'approche du col, je double le groupe de randonneuses rencontré hier près de la fontaine de col d'Anelle. Elles m'avouent avoir 'triché' en prenant un taxi pour éviter une partie du GR. Elles n'en reviennent pas que je sois parti d'Auron et que je les rattrape avant même le repas de midi. Il faut dire que mon sac s'est encore allégé par rapport à hier et ne doit pas peser plus de 9kg à ce moment là. Agréable dans une montée.

Après le col, le me faut monter encore quelques dizaines de mètres sur un chemin à flanc de montagne pour me retrouver sur une crête qui offre la même vue qu'à la proue d'un navire. Je m'y arrête pour manger. Le côté est m'offre un panorama que je n'avais encore jamais vu en France. Ce petit sentier qui serpente à travers un semblant de steppe me rappelle les paysages afghans. Chaque mouvement de terrain offre un contraste saisissant entre le côté complètement dénudé le plus exposé au soleil et l'autre, couvert d'un maigre gazon qui profite de l'ombre créée en fin de journée.

C'est une longue descente qui m'attend cet après-midi, pour passer de 2480m à 1096. Le GR traverse une région encore très alpestre avec de vieux chalets d'alpage en bois, des prairies où s'invitent plus ou moins de mélèzes selon les versants. Après une partie presque horizontale aux abords de la vacherie de Roure, le GR5 comme le torrent plongent pour descendre dans la forêt.

La forêt s'ouvre sur le plateau suspendu à 1400m du hameau de Rougios. La suite est guère intéressante, puisque le GR5 suit une piste forestière d'où on n'a quasiment aucune vue, jusqu'à ce que les toits du pittoresque village médiéval de Roure, accroché aux falaises, se démarquent par leur couleur lie de vin. Pour ce soir, j'ai décidé de traverser le village pour chercher un lieu de bivouac dans le terrasses. Je suis sur un versant largement ouvert face au sud. Je bénéficie donc de la lumière dorée du coucher de soleil sur la droite et le verrai se lever demain sur ma gauche.
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    Le 17-07-12    De Roure à la vacherie de Salèse

Le profil de cette journée promet une randonnée éprouvante. Descente que le topo annonce comme rude jusqu'à Saint-Sauveur-sur-Tinée suivie d'une montée de 2000m de dénivelé (!!!) jusqu'au col du Barn.

A la sortie du village, je m'engage sur une antique voie de communication entre les vallées. Le bitume laisse place au béton, qui laisse place aux cailloux. Je rattrape dans la montée 2 randonneurs du nord lourdement chargés pour arriver à Rimplas, charmant village bâti sur un épaulement rocheux et dominé par un fort imposant.

La suite ne présente pas de grand intérêt. La chaleur se fait plus lourde que ces 2 derniers jours et je prépare mentalement la liste de ce qu'il faudra que je fasse à Saint-Dalmas-Valdeblore. Je prévois d'y arriver avant midi, de ravitailler en eau et en nourriture (pour 2 jours 1/2) et partir par le GR52. Mais je me dis que je ne vais pas me présenter dans les meilleures dispositions pour entamer la grosse montée sans ombre, avec un sac lourdement chargé, et la chaleur qui sera vraisemblablement écrasante.

Machinalement, je repars sur le GR5 ! Il faut dire qu'ici se séparent le GR5 et le GR52, mais que tous les deux sont balisés par la même trace de peinture : blanc sur rouge. Mais je m'en rends compte, sors le topo et retrouve le bon chemin. Je souhaite effectuer une première partie de la montée avant de m'arrêter pour manger.

Après cette pause, le sentier traverse alternativement des bandes de forêt et des bandes sans arbre, probable résultat d'avalanches. L'air ambiant est agréable, l'altitude et le vent contrebalançant la chaleur du soleil. Je monte, monte, monte, traverse des vallons, suit des flancs de montagne, passe des collets. Les lacs de Millefonds constituent un havre de paix dont profitent déjà quelques randonneurs pour faire une sieste.

La descente, d'abord dégagée, entre ensuite dans une forêt clairsemée. Les mélèzes se font de plus en plus présents, de plus en plus grands et de plus en plus denses. J'avais sous estimé la longueur de cette descente et j'ai hâte d'arriver à la vacherie du Collet.

Les chemins se démultiplient et s'entrelacent avec le torrent. L'environnement est très agréable. J'arrive dans une clairière où trône une petite vacherie. Un ru la traverse et je décide de m'y installer pour la nuit. Vais-je regretter mon choix ? L'endroit en infesté de moustiques. Alors que je mène 37-4, j'abandonne la bataille, ils sont trop nombreux. Je ferme mon sac de couchage, tire mon sac à viande sur ma figure et attends que le temps passe. Dès le soleil couché, je passerai une bonne nuit.
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    Le 18-07-12    De la vacherie de Salèse au lac de Basto

Comme chaque matin, il me faut 30 minutes pour me préparer. Je me réveille naturellement vers 6h30, prépare mon petit-déjeuner, avale mes céréales, démonte le bivouac. Je reconstitue mon sac, en y rangeant tous les objets dans le même ordre et chaque objet au même endroit.

Hier soir, alors que j'étudiais le topo, j'avais l'impression de revivre l'étape passée : petite descente suivie d'une grosse montée. Mais aujourd'hui la montée ne fait que 1000m, ce n'est pas trop long et largement supportable. Je passe au barrage du Boréon en étant encore à l'ombre du versant à ma gauche. C'était déjà le cas hier matin, le GR52 emprunte le bon côté du vallon, celui qui nous permet de marcher à l'ombre jusqu'à 9h passé. c'est appréciable.

Une fois sorti de la forêt, le lac de Trécolpas offre une vue magnifique. C'est splendide, les crêtes alentours, le reflet sur l'eau, l'île au milieu du lac. Mais à l'est, la crête dentelée du Pas des Ladres se détache du bleu du ciel. Une nouvelle fois, je me demande comment un chemin de grande randonnée peut franchir cette barrière rocheuse. Le GR serpente, monte et traverse la montagne.

Je descend plein sud, les yeux abrités du soleil sous mon chapeau, pour atteindre la Madone de Fenestre. Je m'attendais à un hameau, mais peux-on qualifier une chapelle et deux gîtes de hameau ? Je profites des marches à l'entrée d'un gîte privé fermé pour m'asseoir et manger.

La montée au Pas du Mont-Colomb s'avère rude. C'est rare sur un GR, mais je me retrouver devant un mur de pierres infranchissable sans y mettre les mains. Mais c'est même de l'escalade ! Je dois me débarrasser de mes bâtons pour franchir ce petit mur. Et je ne suis pas au bout de mes peines. Je déambule entre les pierriers et les enchevêtrements de plus gros blocs. Le chemin est même parfois difficile à discerner. Je scrute chaque rocher devant moi à la recherche d'une trace de peinture. Je trouve le meilleur chemin pour la rejoindre puis je lève la tête à la recherche de la prochaine marque.

Le Pas du Mont-Colomb est une étroite ouverture à travers les pointes de pierre. La descente de l'autre côté débute dans un couloir très raide où je dois encore employer mes mains pour assurer ma descente. L'avantage c'est qu'on avale les mètres de dénivelé très vite. Le vallon suivant est un magnifique patchworl de prairies vertes, de rochers et d'eau.

J'arrive au lac de la Barme, qui ouvre la vue sur le refuge de Nice, accroché sur un promontoire rocheux à la base du Mont Clapier. Je trouve derrière le refuge, quelques centaines de mètres plus loin, un paysage que j'aurais plus attendu en Carmargue qu'à 2200m d'altitude dans le parc du Mercantour : une prairie marécageuse où paissent 6 chevaux noirs. N'importe quelle nana serait aux anges !

Je reprends ma progression, interrompue quelques secondes pour observer des chamois gambader sur les pentes herbeuses. A la lecture du topo hier soir, j'avais compris que la montée à la Baisse du Basto allait être technique et difficile. "De ce point, bien repérer à l'aide du croquis la Baisse du Basto, car ce col est peu distinct". Si dans la montée du Pas du Mont-Colomb le chemin n'était pas facile à distinguer, ici il est carrément invisible. C'est à moi de le créer, de choisir sur quel rocher je vais poser mon pied gauche, puis lequel pour mon pied droit. Heureusement, la semelle de mes chaussures de trail adhère parfaitement à la roche, ce qui me permet de pouvoir choisir des surfaces bien inclinées sans prendre trop de risque.

Une trace de peinture, quelques pas en avant, un cairn, quelques pas, une trace de peinture... La progression est lente à travers ce dédale de pierres. Un cairn, quelques pas, un cairn, quelques pas, un cairn, tiens ça fait un moment que je n'ai pas vu de trace de peinture. Je fais un tour d'horizon, avance encore quelques mètre, mais il faut que j'accepte l'évidence : je me suis perdu. Je suis seul, mieux vaut ne pas aggraver ma situation où je pourrais sécher sans que personne ne me retrouve. Je retourne donc au dernier point connu pour retrouver mon chemin.

Je profite d'un petit lac pour rincer mes vêtements avant d'installer mon bivouac sur le hauteurs du lac du Basto, à 2500m d'altitude. C'est mon plus haut bivouac sur l'ensemble de la grande traversée des Alpes. Je me dis qu'à partir de demain, je vais descendre plus que je ne monterai. Car mon objectif final, Menton et la Mer Méditerranée sont bien à 0m d'altitude.
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    Le 19-07-12    Du lac de Basto aux ruines des Castés

Au bivouac, j'ai hâte de cette journée qui s'annonce : traverser la vallée des Merveilles. J'en ai lu beaucoup de compliments sur internet et vu de nombreuses photos. C'est un coin sauvage et doublement préservé du fait du parc national du Mercantour mais aussi de la zone archéologique réglementée.

Je croise à la montée de la Baisse de Valmasque plusieurs bouquetins et quelques chamois à la descente. Je vois la mer ! Ca y est, je suis entré dans la vallée des Merveilles. J'observe les gravures rupestres le long du chemin. La plus impressionnante est intitulée 'le Christ'.

Puis le paysage change, la vallée s'ouvre et se couvre en fond de plusieurs lacs où se reflètent la lumière du soleil du matin. Je longe un, deux, trois, puis un quatrième lac avant de monter au Pas du Diable. C'est quasiment la dernière montée de la journée. Mais les 2000m  de dénivelé négatif qui s'annoncent devant moi ne m'engagent guère. Je suis équipé léger, je préfère monter. La descente est usante, force sur les genoux et chaque petite glissade bourre les pieds dans les chaussures en même temps qu'elles me lancent une petite frayeur.

Le chemin suis le flanc de la montagne et offre une vue dégagée sur le côté droit. J'arrive tranquillement à la Pointe des Trois Communes où je m'arrête pour me restaurer. Je fais ma bonne pause classique d'une heure. Je reprends la route avant de me rendre compte que je ne me dirige pas dans la bonne direction. Etonnant puisque je vois une trace de peinture rouge et blanche. Je sors le topo et il me faut plusieurs minutes pour comprendre où je suis et comment j'ai pu y arriver. Et là j'enrage ! Ce qui est décrit sur le topo comme une 'variance hors GR' est balisé sur le terrain comme un GR !!!

Je cherche l'itinéraire le plus court, le moins fatiguant et le plus sûr pour rejoindre le GR52. Passée la Baisse de Linière, la descente devient plus raide et est vraiment éprouvante. A mesure que je perds de l'altitude, la chaleur augmente. Fini la petite brise qui me rafraîchissait jusque là. J'arrive à Sospel épuisé, tant physiquement que mentalement par cette rude descente. Le temps de faire un dernier ravitaillement et je repars en quête d'un lieu de bivouac.

Une bonne demi-heure plus tard, je trouve mon bonheur sur un replat à l'herbe rase. Il fait beau, chaud, je ne prends donc pas la peine de monter mon tarp. Je m'étire, me restaure puis m'allonge pour étudier le topoguide et le parcours de demain.
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    Le 20-07-12    Des ruines des Castés à Menton

La journée s'annonce relativement facile. Même s'il y a 2 cols à franchir, ils frôlent seulement les 1100m.

L'inconvénient principal d'évoluer à de faibles altitudes est l'absence de panorama. Je marche sur une piste ou un sentier à travers une forêt. Je suis déjà écrasé par la chaleur de ce milieu de matinée. J'estime la quantité d'eau qu'il me reste et me remémore le topo de l'étape à venir pour savoir où et combien ravitailler.

Je me satisfait du beau soleil qui brille dans le ciel tandis que depuis le Col du Razet je vois la mer. Mais ce n'est pas la mer Méditerranée, mais une mer de nuage qui recouvre Menton et la côte. Je descends et remonte à travers des terraces qui devaient, à l'époque, être couvertes d'arbres fruitiers tels les jardins suspendus de Babylone. Le Col du Berceau sera le dernier de cette GTA.

Je me dis que c'est presque gagné, presque terminé. Au vu de la distance et du dénivelé qu'il me reste à couvrir, je pensais que cette étape serait une formalité. Mais la descente est un cauchemar. Le sentier décrit une série de lacets raides et glissants. La pente est raide, la terre sèche et poussiéreuse, le sentier couvert d'une couche de petits cailloux qui agissent comme un tapis roulant sous les semelles de mes chaussures. Mes pieds s'accrochent dans mes chaussures, mes jambes se crispent, ma vigilance doit être maintenant au plus haut niveau et mes réflexes sont sollicités pour rattraper les écarts, glissades et dérapages.

Je consulte régulièrement l'altimètre de ma montre pour faire un point sur mon avancée.
500m, je vois la mer.
450m, j'entends les cigale et le bruit de l'autoroute.
400m, j'entends les cigales.
200m, j'entends l'autoroute.
150m, je ne vois plus la mer.
90m, je vois la mer.
10m, je traverse le boulevard Garavan.
0m, je suis à la plage !